Gabon : la fin des subventions des produits pétroliers dès 2026, un pari risqué pour l’économie et le social

Une station service Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Le gouvernement gabonais a annoncé, le 5 septembre 2025, la suppression des subventions de l’État sur les produits pétroliers dès janvier 2026. Une décision conforme aux recommandations de la Banque mondiale, qui pourrait permettre à l’État d’économiser près de 100 milliards de francs CFA par an.
Des économies substantielles pour l’État
Le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a rappelé que cette mesure répond à une demande récurrente de l’institution de Bretton Woods. Selon la Banque mondiale, le coût des subventions aux carburants a atteint 110 milliards de FCFA en 2024, soit 0,9 % du PIB gabonais. Une charge considérable pour les finances publiques, qui profite peu aux populations les plus vulnérables.
En effet, les analyses révèlent que la majorité des subventions bénéficie aux ménages les plus aisés, principalement urbains, consommateurs d’essence et de gasoil. À l’inverse, le pétrole lampant et le gaz butane, davantage utilisés par les foyers modestes, en tirent beaucoup moins d’avantages, mettant en lumière une inefficacité structurelle du dispositif actuel.
Risques d’inflation et impacts sociaux
La suppression des subventions entraînera mécaniquement une hausse des prix à la pompe dès janvier 2026, touchant l’essence et le gasoil. Cette augmentation devrait se répercuter sur le coût du transport, des denrées alimentaires et de nombreux services, créant une pression inflationniste sur l’économie.
Conscient de ces risques, le gouvernement assure travailler avec les marqueteurs et distributeurs pour mettre en place des mécanismes d’atténuation. Ceux-ci pourraient prendre la forme d’ajustements progressifs ou d’aides ciblées destinées aux ménages les plus fragiles.
Une réforme structurelle nécessaire
La Banque mondiale préconise de remplacer les subventions généralisées par des programmes de protection sociale ciblés, plus efficaces et moins coûteux. Ce type de dispositif permettrait de soutenir les populations modestes tout en allégeant les charges budgétaires.
En parallèle, des réformes structurelles sont jugées indispensables pour réduire les coûts de production, d’importation et de transport, afin de renforcer la compétitivité de l’économie gabonaise.
Un équilibre à trouver
Si la suppression des subventions paraît économiquement rationnelle, plusieurs défis demeurent :
Choc social possible : Même si les plus riches captaient l’essentiel des aides, la hausse du carburant touchera tous les ménages, y compris les classes moyennes et modestes.
Effets sur les prix à la consommation : Une énergie plus chère alourdira le coût des produits importés et transportés, avec un risque d’inflation accrue.
Communication et mise en œuvre : Une transition brutale pourrait susciter mécontentement et contestations. La réussite de cette réforme dépendra d’une mise en œuvre progressive, d’une communication transparente et d’aides bien ciblées.
Conclusion
La suppression des subventions sur les carburants au Gabon représente une mesure budgétairement justifiée, générant près de 100 milliards de FCFA d’économies annuelles. Mais ses conséquences sociales et inflationnistes doivent être anticipées et encadrées. Le succès de cette réforme reposera sur la capacité du gouvernement à proposer des mesures d’accompagnement efficaces, à communiquer clairement et à engager des réformes structurelles en faveur d’une économie plus compétitive et inclusive.
Louis-Paul Modoss
Chroniqueur économique