Harold Leckat Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Jean Valentin Leyama, député de la transition, l’ONG SOS Prisonniers Gabon et plusieurs journalistes ont dénoncé ce jeudi 16 octobre 2025 l’arrestation du journaliste et directeur de publication de Gabon Média Time, Harold Leckat, interpellé à son retour de France et placé en garde à vue à Libreville.
Le journaliste a été arrêté dès sa descente d’avion à l’aéroport international de Libreville par des agents de la Direction Générale des Recherches (DGR). Selon plusieurs sources concordantes, il devait initialement être entendu ce jeudi dans le cadre d’une affaire liée à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
Une interpellation qui interroge
Dans une publication sur sa page Facebook, SOS Prisonniers Gabon a exprimé de « vives inquiétudes » quant aux conditions de cette arrestation :
« À l’heure actuelle, les raisons officielles de cette mesure restent inconnues. Ce flou, associé à la méthode d’interpellation, suscite de vives inquiétudes. Devait-on réellement l’arrêter à sa descente d’avion ? Harold Leckat ne présentait-il pas toutes les garanties de représentation nécessaires pour répondre à une convocation classique ? »
L’organisation rappelle que toute privation de liberté doit s’effectuer « dans le respect de la légalité, de la transparence et de la dignité humaine » , en particulier lorsqu’il s’agit d’un acteur de la presse.
Accès refusé aux journalistes
Selon nos confrères de Gabonactu, un journaliste dépêché sur place dès 7 heures du matin n’a pas pu rencontrer son confrère. Les agents de la DGR ont indiqué qu’aucune visite n’était possible sans l’autorisation de l’enquêteur, qui n’était pas encore arrivé à son poste.
De son côté, Dépêche241 rapporte qu’Harold Leckat était convoqué pour une audition prévue initialement le 16 octobre.
« Pourquoi alors précipiter cette convocation ? Pourquoi ne pas avoir respecté la date prévue, préférant le spectacle d’une arrestation publique au protocole ordinaire d’une simple convocation judiciaire ? » , s’interroge le média.
Il s’agit de la deuxième interpellation visant le journaliste en l’espace de quelques semaines.
Un contexte sensible pour la liberté de la presse
Comme le rappelle Gabonactu, cette affaire intervient dans un contexte où le Gabon vient d’enregistrer une progression notable dans le Classement mondial 2025 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), passant de la 56ᵉ à la 41ᵉ place sur 180 pays.
Le 10 septembre dernier, le secrétaire général de RSF, Thibault Bruttin, et le directeur Afrique de l’organisation, Sadibou Marong, avaient été reçus par le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema. La délégation avait salué les avancées du pays en matière de liberté de la presse, tout en formulant des recommandations pour consolider ces progrès.
Cette interpellation d’un journaliste reconnu relance donc le débat sur la protection des acteurs de la presse et sur le respect des garanties fondamentales en matière de procédure judiciaire.