
Le Vice-président du gouvernement, le président de REAGIR et l’image de l’arrêt des travaux sur les axes Ndendé - Tchibanga -Tchibanga - Mayumba Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Après 100 jours à la tête du Gabon, le président Brice Clotaire Oligui Nguema présente un bilan marqué par des ambitions affichées autour de six priorités majeures. Pourtant, entre discipline prônée et projets lancés, l’opposition dénonce déjà des déceptions, pointant des dysfonctionnements dans la justice, les services publics et la gouvernance.
Le gouvernement gabonais a présenté un premier bilan après 100 jours de mandat du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Discipline, cohérence et action : tels sont les mots clés mis en avant lors du séminaire gouvernemental organisé le 10 août à Libreville
Six priorités pour un nouveau départ
Le Plan d’Action Gouvernemental (PAG) 2025-2032 repose sur six grands axes :
• Accès universel à l’eau et à l’électricité
• Transformation de la jeunesse en force productive
• Modernisation des infrastructures, logement et numérique
• Refondation du capital humain et justice sociale
• Diversification économique et filières stratégiques
• Un État performant, éthique et décentralisé
Le président Oligui Nguema a insisté : « Nous sommes tous des soldats au service de la Nation. Sans discipline, aucune mission ne peut être accomplie. »
L’opposition crie à la désillusion
Michel Ongoundou Loundah, président du parti REAGIR, critique un bilan « entre déconfiture et désillusion ». Il dénonce notamment la libération « sans explication crédible » de Noureddine Bongo-Valentin et de sa mère Sylvia Bongo, alors que le lieutenant Kelly Ondo reste en détention.
Diplomatie et services publics dans la tourmente
• Diplomatie coûteuse mais inefficace : 12 déplacements présidentiels en 3 mois, pour un coût estimé à 15 milliards FCFA, sans contrats d’investissement signés.
• Services publics en difficulté : Le taux d’accès à l’eau à Libreville stagne à 65 %, malgré une nouvelle station à Ntoum. Par ailleurs, 124 coupures majeures d’électricité ont été recensées depuis mai.
Souveraineté territoriale et expulsions : un climat tendu
La cession contestée de l’île Mbanié à la Guinée Équatoriale sans communication gouvernementale, fait polémique. Par ailleurs, près de 1 200 familles expulsées à Libreville vivent désormais sous des tentes, faute de relogement adéquat.
Des priorités discutables
Alors que Libreville souffre de coupures d’eau et d’électricité, le ministère des Affaires étrangères a mobilisé d’importants moyens pour l’improbable extradition d’un « influenceur » et maitre-chanteur libanais accusé d’insultes et chantage sur les réseaux sociaux. Un choix qui interroge sur les vraies priorités de l’État.
Endettement et projets gelés
La dette publique a augmenté de 7 % depuis janvier. Parallèlement, 92 % des projets d’infrastructures sont en suspens.
Recyclage politique et régression académique
La forte présence d’anciens cadres du régime Bongo dans l’entourage présidentiel et au gouvernement alimente la critique.
Sur le plan scolaire, des fraudes massives ont été observées au baccalauréat 2025 qui a affiché un taux de réussite lunaire de 100 % au second tour. Une ONG dénonce des fraudes dans plus de deux tiers des centres d’examen.
Pour Michel Ongoundou Loundah, ce bilan « dessine une gouvernance de la nostalgie, un recyclage des hommes, des méthodes et des échecs ». Si le gouvernement se félicite de ses avancées, une partie de l’opinion reste cependant très critique.